🎊🎉 AVANT-PREMIÈRE 🎉🎊
Chers amis,
Aujourd’hui, pour vous remercier de me suivre, je vous propose de découvrir le premier chapitre de mon nouvel opus qui sortira vendredi 11 décembre. D’autres surprises suivront !

CITATIONS
« On ne peut méconnaître en effet l’existence d’une puissance naturelle annonciatrice de l’avenir, que de longues observations soient nécessaires pour comprendre ses avertissements ou qu’elle agisse en animant d’un souffle divin quelque homme doué à cet effet. »
De la divination, Cicéron
🎊🎉 CHAPITRE 1 🎉🎊
Île de Céphalonie, 12 mars, un peu avant minuit
L’homme nu, ruisselant d’eau, s’approche de la jeune femme. Le sourire de la fillette qu’il porte dans ses bras éclôt dans la clarté lunaire.
— Pourquoi tu n’es pas venue te baigner, maman ? demande Edrielle. Elle est super bonne !
— Tu penses qu’un dauphin va venir t’enlever ? sourit Damien.
— Enlevée par un dauphin ?…, souffle Ariane. Très tentant.
— J’aurais tant aimé les revoir ! s’esclaffe Edrielle en sautillant autour du couple.
Ariane repense au moment, plus tôt dans l’après-midi, où sa fille avait aperçu trois dauphins s’approcher du rivage. À en juger par leur taille, il devait s’agir de deux adultes et d’un dauphin juvénile, tous trois très liés. Elle revoit le saut du plus grand d’entre eux venu les saluer, suivi de quelques secondes magiques où tous trois jouaient devant la grotte, à une vingtaine de mètres à peine des baigneurs. Puis, le plus grand aileron avait plongé sous le voile mystérieux des flots bleutés, au nord, tandis que les deux autres avaient filé au sud, disparaissant sous l’horizon. Edrielle avait alors fait un vœu, ce qui avait fait sourire sa mère, depuis longtemps persuadée que seuls le travail et la volonté peuvent réaliser un souhait.
Ariane suit des yeux Edrielle, qui se déhanche au pied de la colline où est garée la Sandero qu’ils ont louée. Il leur aura fallu attendre 23 heures pour être enfin seuls sur la plage de Myrtos. Elle embrasse les alentours déserts en prenant une grande inspiration. L’air tiède déroule jusqu’à ses narines des parfums de maquis qui se mêlent avec harmonie aux embruns iodés. En se miroitant sur la mer Ionienne, le firmament confère à la plage un caractère presque divin. En contemplant la langue de sable flanquée de hautes falaises sur la gauche, tandis que se déploie, en pente douce sur la droite, une colline asséchée menant à la forteresse d’Assos, Ariane se demande si elle n’est pas en train de rêver. Concentrée sur la musique des vagues et le contact doux du sable à ses pieds, elle savoure chaque seconde qui s’écoule.
Elle a attendu ces vacances des mois durant. À l’origine, elle aurait souhaité visiter l’Acropole, Delphes et Épidaure, mais Damien n’avait rien voulu savoir : il n’avait pas pris de congés depuis trois ans et rêvait d’une plage déserte. Un sourire se forme sur son visage en revoyant son mari sortir de l’eau, dans les rayons du soleil couchant, sous les rires de leur fille qu’il tenait dans ses bras.
Il avait raison, finalement. Cet endroit est à couper le souffle.
— T’y vas pas, maman ? insiste Edrielle, l’enlevant à ses pensées.
Ariane contemple la fille de sept ans qui a hérité de ses yeux clairs. Un sourire aux lèvres, de belles boucles brunes collées au front et du soleil sur les joues.
— Ça dépend. Elle n’est pas trop froide ?
— Il doit encore faire dans les 25°C, répond Damien en reposant sa serviette sur la plage. Et l’eau avoisine les 19°C.
— À croire que c’est l’été toute l’année.
— Profites-en. On n’a pas la mer, à Pélissanne.
— On n’a même pas de piscine…, ajoute Edrielle.
— On en achètera une, si tu gagnes au loto, plaisante Damien. Ou si maman nous pond un nouveau best-seller.
Ariane secoue la tête.
— On peut toujours rêver…
Le seul best-seller qu’elle ait écrit est sorti quelques mois avant sa rencontre avec Damien et la grossesse qui en a découlé. Les Rituels secrets, à mi-chemin entre le reportage et le roman, révèlent les similitudes entre diverses croyances et pratiques occultes en les classant selon leur fonction ; religion, initiation, recherche du salut, culte de mort ou de résurrection, leur date d’occurrence et leur pays d’origine ; Égypte ancienne, Minoens, Mycéniens, Nabatéens, Antiquité grecque et romaine… et ceci de leur naissance jusqu’à la période contemporaine. Même si les deux ouvrages qui ont suivi ; Dieux Antiques ou Intelligences Artificielles, et Tout ce que vous devez savoir sur ce qui n’existera jamais, lui ont permis de remporter le Prix du béluga d’or – prix encore moins connu qu’Ariane –, ils n’ont reçu qu’un accueil mitigé en auto-édition, et elle compte bien mettre à profit ces jours de repos ensoleillés pour renouer avec l’inspiration.
— Profite, maman.
Incapable de résister au sourire d’Edrielle, la jeune femme passe la main sur son ventre, savourant le contact de sa peau douce, lustrée par le sel, légèrement hâlée par une après-midi de soleil. Elle passe un doigt sous son bikini, qu’elle fait glisser d’un geste gracieux jusqu’à ses chevilles.
Damien émet un sifflement d’admiration.
— Une vraie naïade !
— J’espère surtout qu’il n’y a pas de pervers embusqué, répond la jeune femme.
— S’il y en a un, je l’intercepterai avant qu’il n’arrive dans l’eau. Edrielle lui fera une prise de pancrace !
— Ah oui ! s’exclame cette dernière en se mettant en position de karatéka.
Ariane s’approche d’eux dans un rire. Elle dépose un premier baiser sur le front de sa fille, un second sur les lèvres de son mari, avant de les enlacer tous deux.
Dire qu’on était encore à Marseille ce matin !
La jeune femme foule la bande de sable la séparant des flots en contemplant les vagues coiffées d’écume qui luisent dans la nuit. Leur léger grondement se fait plus fort à mesure qu’elle s’en approche, hérissant sa peau de frissons que le contact de la mer chasse aussitôt. Elle s’immobilise, surprise de constater qu’elle est encore chaude. Elle repense au coucher de soleil qui a embrasé le ciel tandis qu’ils pique-niquaient tous trois, et se répète qu’ils ont une chance merveilleuse.
Autrefois, Ariane aurait craint un monstre marin venu des profondeurs pour la croquer, mais ce temps, à présent, est révolu. Hormis sa peur du noir, ses craintes d’enfant ont pour la plupart cédé le pas au sérieux concret des adultes, et le voile qui autrefois revêtait tout ce qu’elle ne pouvait voir ou comprendre d’un soupçon de mystère a désormais disparu, chassé par des explications rationnelles, scientifiques, logiques et pragmatiques, en un mot ennuyeuses.
À présent, il n’y a qu’eux, le croissant argenté de la lune qui scintille devant elle, et tant d’étoiles dans le ciel qu’elle voit presque comme en plein jour. La respiration de la mer, le souffle d’une brise légère et odorante et un goût de sel ne demandent qu’à l’emporter. Les quatre éléments se mêlent avec délice lorsqu’elle avance à la brasse vers le large.
Après quelques minutes, Ariane se retourne et écarte les bras sans cesser de battre des pieds. L’eau caresse sa peau nue. Aucune pollution lumineuse ne vient troubler l’éclat des étoiles, et la Voie lactée se livre à elle avec tous les mystères de l’univers. Les vagues la font danser et déroulent leurs plis savoureux sur son visage avec tendresse.
Un moment passe, entre ciel et mer. Un moment hors du temps où elle se laisse glisser en savourant ce qui l’attend ; visites d’anciens villages construits à flanc de coteau et de petits ports de pêche, randonnées le long des falaises de calcaire dominant des criques de sable blanc, lecture et écriture.
Estimant qu’il est temps de revenir, Ariane se tourne vers la plage et constate qu’elle ne voit plus rien. Rien qu’un amas sombre, au-dessus duquel se dresse un autre amas, encore plus sombre et imposant. Sans doute la colline et le parc de stationnement.
La jeune femme s’aide des vagues pour atteindre le rivage. En prenant pied sur le sable, elle s’entoure de ses bras et se sent chanceler. Elle ressent encore les remous de la mer, et peine à reprendre pied dans la réalité.
Un nuage filandreux masque désormais la lune. Une ombre parmi les étoiles dorées. Tout lui paraissait pourtant si lumineux, il y a peu !
— Damien ? Edrielle ?
Personne ne répond. Rien que le bruit du ressac répercuté par les falaises environnantes. Une lumière, au loin, comme des phares de voiture, qui s’efface dans la nuit. Ariane sent la peur s’immiscer en elle. Impossible de se souvenir de l’endroit exact où elle est entrée dans l’eau, sans compter qu’elle a peut-être dérivé avec le courant.
— Où êtes-vous ?
La jeune femme, en criant, s’effraie du son de sa propre voix et du silence sépulcral qui y répond. Elle se force à réfléchir. La plage, qui doit mesurer dans les trois cent mètres de long, est bordée par des falaises sur sa droite, et une colline sur sa gauche. Edrielle et Damien devraient se trouver… à une dizaine de mètres du rivage tout au plus.
Elle se place à bonne distance des flots et gagne les falaises, puis revient sur ses pas en frissonnant.
Elle s’arrête à l’emplacement qu’elle estime être celui où ils avaient déposé leurs affaires. Personne. Tâtonnant à la lueur du firmament, avec le désagréable sentiment qu’un événement insolite, inhabituel, est sûr le point de se produire, Ariane fouille le sol sur une surface de plus en plus étendue, plongeant ses mains de plus en plus profondément, sentant le froid du sable envahir ses bras, sa poitrine, son corps tout entier.
Rien.
— Damien ? Edrielle ?
Toujours ce silence pesant, oppressant. La respiration inaltérable et sinistre de la mer.
Où peuvent-ils être ?
Son regard s’accroche sur une forme allongée dans la nuit, avec, en son extrémité, un profil arrondi. Damien. Elle se relève.
— Si c’est une blague, c’est pas drôle.
Elle accélère, pleine d’espoirs, quand son pied heurte quelque chose de dur, la faisant trébucher. Elle roule dans le sable, s’arrêtant à moins d’un mètre d’un tronc noirci, devant lequel subsistent les restes d’un ancien feu.
L’odeur de la cendre lui glace le sang.
Ariane court, à présent, du sable collé à sa peau encore mouillée. Elle court, mais n’ose crier, de peur qu’une personne embusquée l’entende.
Lorsqu’elle parvient côté colline, elle s’arrête, à bout de souffle. Le sable a laissé place à des pierres qui lui meurtrissent les pieds. Elle a parcouru toute la plage sans rien trouver. Si Edrielle et Damien étaient encore ici, elle n’aurait pu les manquer. Une certitude la foudroie : il est arrivé quelque chose. Quelque chose de grave. L’endroit, désormais, n’a plus le même visage que dans l’après-midi. L’air est froid et humide, le sol piquant et coupant. La nature sauvage a repris ses droits, et elle fait sentir à Ariane qu’elle n’a rien à faire ici.
La jeune femme repart en direction du parking en jetant des regards craintifs derrière elle. Elle finit par apercevoir la Sandero, dont les clés, ainsi que son sac à main, sont à présent introuvables, de même que son téléphone portable, son argent, ses vêtements et sa serviette. Une image surgit devant ses yeux : Pégase, le petit cheval blanc ailé dont Edrielle ne se sépare jamais.
Lui aussi a disparu.
Saisie d’effroi, Ariane fixe l’abîme où se trouvaient sa fille et son mari un instant plus tôt, et une sensation d’oppression l’envahit.
La voilà seule.
Seule, nue et perdue dans la nuit.

À L’OMBRE DU MONDE :
« Une île grecque, un peu avant minuit
Ariane, sa fille et son mari se retrouvent enfin seuls sur la plage féerique de Myrtos. Lorsque la jeune historienne sort de l’eau, et qu’elle cherche les siens en vain, elle croit d’abord à une mauvaise plaisanterie. Mais quand toutes les preuves attestent qu’elle a voyagé seule et n’a jamais eu ni enfant ni mari, il ne reste que deux explications possibles.Soit elle a rêvé sa vie, soit on la lui a effacée.
À moins de trois cents kilomètres de là, un homme accède à la plus haute fonction d’une Confrérie occulte. Il va enfin pouvoir se venger… »
NDLR : histoire en deux tomes :
— le T1 sortira le vendredi 11 décembre,
— le T2 en janvier/février, le temps de le lustrer encore un peu…
On se retrouve bientôt pour partir loin 😉
En attendant, prenez soin de vous.
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