Il n’y a pas besoin d’ailes pour s’envoler

Mes ailes. Elle dépose mes ailes sur la table. Je détourne les yeux de l’ordinateur. Ces ailes-là, c’est un morceau de papier. Un formulaire d’inscription pour une école préparatoire à l’École de l’air.

Je suis en train d’achever une nouvelle pour mon ami Jean. Pendant que certains lycéens draguent ou jouent au foot, on écrit. L’écriture est un jeu à celui qui sera le plus surprenant. Chaque fois qu’on reçoit un texte de l’autre, on l’accueille avec fébrilité. À travers les mots et les phrases se glissent des univers fantastiques peuplés de rêves.

Et là, sur un simple papier à signer, j’ai la possibilité de devenir pilote. Je signe. Mais je doute. J’ai toujours été persuadé que pilote, c’était trop bien pour moi. Aujourd’hui, je repense à l’instructeur qui m’a délivré mon brevet de pilote privé en me disant qu’« il n’avait aucun doute à mon sujet ». J’ai toujours eu peur. Peur de l’inconnu, peur de la solitude, peur de l’échec. Mais j’ai toujours cru en moi. En ce que j’étais capable d’accomplir, capable d’atteindre. J’ai toujours eu envie de vivre quelque chose d’exceptionnel. De sortir du lot. De m’élever. Quoi de plus approprié que des ailes pour ça ?…

La prépa, c’est l’enfer. Au début, je suis dernier. Je me bats, je ne lâche rien. J’en avais tellement bavé lorsque j’avais redoublé, plus jeune, que je ne peux pas m’imposer ça à nouveau. Je termine dans les premiers et je suis l’un des seuls qui intègre l’École de l’Air à la première tentative.

Quelques mois avant le concours de l’École de l’Air, je perd mon aptitude médicale pour être pilote. Grosse déception. J’ai l’impression que je ne serais jamais rien. Les médecins militaires me font comprendre que je pourrais sans doute devenir pilote après avoir intégré. Je rentre donc quand même à l’École.

Un jour, je reçois une annonce qui me tue : réduction des effectifs. Malgré des résultats suffisants, je ne serai jamais pilote. C’est dur à encaisser. Je vois partir mes amis. Je vois mes ailes s’éloigner. Définitivement, cette fois. Je me sens perdu.

Pour la toute première fois de ma vie, je me pose la question de faire quelque chose qui me plaise vraiment et qui n’est pas dicté par les autres. Ce que j’aime, c’est découvrir, apprendre, voyager, rencontrer. Je choisis donc un autre métier qui peut me permettre d’habiter où je veux, et surtout d’avoir du temps pour écrire.

Mais je n’arrive pas à être satisfait de ce que je produis. Je me forme donc à l’écriture. C’est comme si j’ouvre les yeux sur un monde nouveau, celui des conteurs d’histoires, où derrière les images que l’auteur, le metteur en scène ou le réalisateur veulent bien nous montrer, se dessinent les rouages qui déclenchent l’hilarité ou les pleurs du public. Sans cesse, j’analyse ces mécaniques pour les faire miennes et les placer à l’endroit où elles serviront mes histoires pour le bonheur des lecteurs.

C’est comme ça que j’ai enfin acquis mes ailes. Les vraies. Aujourd’hui, j’ai compris que si je n’ai pas fait certaines choses, c’est que « je ne les sentais pas », et je pense qu’il est bon de suivre son instinct. Et je veux tendre la main à tout le monde. Trouvez votre passion. Trouvez quelque chose qui vous tient et vous anime. Vous n’avez pas besoin d’être bon. Vous serez bon si vous aimez ce que vous faites.

Venez contempler le monde tel qu’il est dans mes histoires. Venez apprécier un rayon de lumière et d’espoir qui perce la nuit et nous guide. Regardez-vous en face et devenez une meilleure version de vous-même. Ne le faites pas pour moi, ni pour les autres. Faites-le pour vous.

Une réflexion sur “Il n’y a pas besoin d’ailes pour s’envoler

  1. Merci Eric de nous partager ton parcours et ton expérience. Tu as tout à fait raison, pas besoin d’ailes pour voler et tu nous embarques si bien dans tes textes. Au plaisir de te lire à nouveau très bientôt 🙂

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