The Prison Experiment : chronique d’Alexandra Papiers Mâchés

 » Un Huis-clos à l’intelligence artificielle

Le résumé de votre mission : 13 hommes dont une femme, vont devoir se rendre incognito, dans ce grand dôme obscur et invisible de tous surnommé « l’Œuvre«  par son créateur, Dédale. Dans cet immense labyrinthe ont été enfermés 5300 détenus volontaires. Aujourd’hui livrés à eux-mêmes, personne ne sait ce que sont devenus ces détenus, ni-même ce qu’il s’y passe exactement. Aurez-vous le courage de réaliser cette mission ?

BarreSeparation

Bienvenue dans un univers aux évocations mythologiques me dis-je à moi-même. Juste le temps de m’armer de mon P90 et je vous livre mes impressions…

Je me dis que ce pavé, écrit relativement petit va passer entre mes mains. Je suis excitée par ma future lecture et j’aime ce sentiment d’impatience qui m’envahit.
L’intrigue me promet d’être transportée dans un univers apocalyptique et d’être guidée par un commando d’exception. Que vais-je rencontrer sur ma route ? En lectrice organisée et prudente, je prends soin de lire les recommandations que l’auteur a glissé à notre attention, à la fin de son ouvrage. C’est vraiment une très bonne idée car il y a énormément de personnages dans son roman. J’ai apprécié m’y reporter quelques fois pour être sûr de ne pas confondre un personnage avec un autre. Bien pratique !

En parlant de personnage, celui d’Elena, que l’on peut voir sur la photo de couverture est juste génial ! Je m’identifie à cette femme courageuse, réservée et très intelligente (sans vouloir me vanter^^).

Premières pages, premières impressions. Une tuerie ! Wow ! Ce roman m’a bouleversée, bousculée, angoissée, paniquée, car il s’agit d’un véritable massacre au niveau de cette expérience qui mène inévitablement à la mort… Comme Elena, membre du commando, j’avance à pas de loup dans un univers hostile et angoissant. J’ai littéralement peur de trouver un piégeur derrière ma porte alors je n’ose pas décrocher de ma lecture en restant au chaud dans mon lit, tant pis pour la dernière commission du soir lol. Ma lecture est incroyablement addictive ! L’auteur a une plume en or, tellement fluide et détaillée que je n’ai pas de mal à m’imaginer faire partie de ce commando. Oreilles en alerte, j’aime la tension qui me tient pendant ces 680 pages ! Âmes sensibles, suivez-moi.

Pour survivre dans cet état de mort sociale dans laquelle je m’enfonce, il m’est nécessaire de ne pas penser, ou de tenter de penser le moins possible au monde qui fut le mien jusqu’à ma chute. (…) La liberté dites-vous ? Où se trouve la véritable liberté ? Où est la prison ? (…) Vous êtes-vous déjà demandé qui a le véritable contrôle sur votre vie ? Vous êtes-vous déjà posé cette question, la plus importante à mon sens : quelle illusion préférez-vous ?

L’auteur nous embarque donc dans une réflexion autour du contrôle et de la manipulation mentale, jusqu’à épuisement des forces physiques et psychologiques, jusqu’à un semblant de victoire sur l’autre. Je sens comme un besoin de prouver sa force, sa supériorité face à un autre être humain. Tension, épreuve de force ont rythmées ma lecture avec en toile de fond, une illusion d’espoir. Comment raisonner si on vous prive de votre capacité à entrevoir une porte de sortie ? J’ai beaucoup aimé cette idée d’avoir en permanence une surveillance à l’intérieur du dôme, des yeux qui voient tout à l’image d’un modèle de prison panoptique, comme si un intrus avait pénétré votre intimité. Vient alors un face à face avec le vide et, c’est à qui répondra en premier.

The Prison Expériment - Eric COSTA (2).jpg

Qui dit commando, dit chef. Qu’est-ce qu’il peut m’exaspérer ce Basileus, j’ai peur qu’il les fasse tous se faire tuer ! J’aime sa hargne mais je n’aime pas son individualisme et son égocentrisme envers les hommes (et la femme) qui l’accompagnent pour cette mission. Je note que l’auteur a pris le soin d’attribuer à chacun, des caractéristiques uniques qui les rendent réels. Les soldats ont du courage car moi, je ne sais pas si je serais entrée dans l’Œuvre.
Les prisonniers quant à eux, du moins pour les survivants, sont parfois comparés à des créatures, des bêtes, comme un mal qui nous ronge de l’intérieur, la naissance d’une folie aggravée. Les détails sont saisissants et bien écrits. Ce que j’ai beaucoup apprécié c’est que souvent, les scènes se déroulent dans le noir ou dans des conditions climatiques périlleuses, ce qui n’a fait qu’amplifier la tension ressentie de par l’imagination débordante qui s’active.
J’aime beaucoup l’idée de suivre l’évolution du commando mais également d’autres personnages en parallèle, tous autant traumatisé par cette expérience. Je n’ai pas eu de mal à suivre l’évolution de tous les personnages. Chacun a un rôle à jouer plus ou moins important. Le récit d’un des détenus qui nous parvient me plonge en Enfer. L’ambiance est à glacer le sang. Cette expérience me fait penser à celle de STANFORD (que l’auteur évoque également), bestiale, violente avec un gros plan sur le voyeurisme et la folie de l’homme. Et c’est bien de cela dont il est question : jusqu’où l’homme peut-il aller pour survivre ? Quand la folie remplace la raison ? A quel moment se déclenche la perte de contrôle de soi ? Enfermés dans une espèce de forteresse, les prisonniers sont livrés à eux-mêmes. La construction sécurisée de la prison, permet-elle de ne laisser s’échapper personne ou de ne faire entrer personne ? Malgré la dureté des conditions, de véritables paysages colorés se succèdent. Je me surprends à me demander comme Agellos, si ce que j’imagine est bien réel ou seulement un mirage. J’admire la faculté de l’auteur à nous faire perdre tous nos repères spatio-temporels, la folie nous guettant peu à peu. N’est-ce pas là une volonté de nous signifier que le cerveau humain est un labyrinthe dont on part en exploration chaque jour ? Je trouve que l’auteur sait nous donner un aperçu des risques de l’isolement et des effets qu’elle procure au cerveau. J’avais l’impression en lisant, d’être en exploration de mon âme au purgatoire.
Comme dans la vie réelle, il demeure des clans dans cette prison. Certains poussent la cruauté à son apogée, d’autres au contraire tente de vivre une vie « normale ». Les questions de vie, de mort, de liberté et d’enfermement sont très présentent dans ce roman. Quelles définitions y apposer ? Comment y accéder ou l’éviter ? Il semble que le désespoir soit une tentative de réponse que l’auteur met en avant.
J’aime que l’auteur face illusion au thème de la déviance, ici suite logique à un projet inhumain qui tourne mal. Tout le monde, je pense, peut se reprocher un fait dont il n’est pas fier et, qui l’a poussé à commettre quelques fautes.
L’évocation de l’intelligence artificielle est plus que d’actualité parmi les avancées technologiques qui bouleversent notre quotidien. C’est dingue de pouvoir aujourd’hui, recréer, imiter la vie ! Je me questionne alors sur l’équilibre entre l’inné et l’acquis, le bien et le mal. Une évocation mystique et biblique avec le nombre « 13 », me renvoie en échos la malchance qui plane autour du commando, composé de ce même nombre.
J’aime beaucoup ce jeu d’énigme entre le créateur et les « joueurs », qui dynamise ma lecture et qui complète bien cette notion de « labyrinthe » dont il faut trouver la clé. Le poids du silence est pesant, pourtant, l’auteur a su y mettre des mots qui résonnent comme l’Ange de la mort venant chercher son festin.
Comme dans la vie réelle encore une fois, l’auteur a pris le soin de poser en toile de fonds, l’organisation d’une société avec ses côtés positifs (entraide, amour, amitié) mais également ses travers (meurtres, vengeance, folie). L’activation d’un besoin de survie met à mal notre côté rationnel et altruiste. Nous retournons à la base de la création de l’univers avec la représentation des quatre éléments, dont les nombreuses épreuves de force contraignent l’acquisition.

J’ai vraiment adoré ma lecture ! J’ai ressenti angoisse et peur du début à la fin. Quelques fois, j’ai aperçu au loin un mirage d’espoir. Il y a énormément d’actions et de suspense dans ce roman. L’auteur a su accentuer et mettre en évidence nos plus profondes peurs, les menaces qui nous pèsent au quotidien dans un huis-clos extrêmement bien pensé et écrit. Lorsque je pensais que tout allait se terminer et que je pourrais sortir, l’auteur vient bouleverser et renverser ce peu de réconfort et d’espoir. Il met des mots précis sur la peur, la vie et la mort. Étant encore bloquée dans cette prison, j’attends avec  impatience que le commando d’Elena vienne m’en délivrer… Rendez-vous bientôt pour le tome 2 !

Le mot d’Éric :
Entrer dans l’univers de  » The Prison Experiment », c’est comme plonger dans le déluge, sous un vent de tempête, dans un froid polaire, pour ressortir trempé, éperdu et tremblant sous un soleil de plomb.
Je ne le conseillerais pas à mon pire ennemi, à part s’il est drogué aux émotions.« 

Un énorme merci à Alexandra, du site Papiers Mâchés pour cette superbe chronique et cette interview. Si tout va bien, le T2 sortira en juin 2019.

 

Résumé :
« Zone 51, désert du Nevada.
Un dôme immense, à la peau cuivrée, se dresse tel un monstre sous les étoiles.
Son nom : « L’Œuvre », prison expérimentale secrète dotée d’une intelligence artificielle.
Nul ne sait ce que recèle l’édifice depuis que la CIA en a perdu le contrôle. Que sont devenus les 5300 détenus, livrés à eux-mêmes après sept ans d’abandon ?
Un commando de douze hommes et une femme pénètre en secret dans ce labyrinthe mortel.
Leur mission : retrouver Dédale, son architecte, à n’importe quel prix.
Elena, hackeuse surdouée, compte bien percer les mystères de l’Œuvre. Elle ignore que cette mission l’emportera au-delà des illusions, face à ses peurs les plus folles, dans les tréfonds de l’âme humaine.
Son génie peut les sauver… ou les tuer.
Jusqu’où l’homme peut-il aller pour survivre ? »

PLONGER AU CŒUR DE L’ŒUVRE

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