Aztèques : les prénoms, outils de conditionnement

Ce billet s’inscrit dans le cadre de mes recherches pour la saga Aztèques (romans historiques disponibles sur Amazon en version papier et numérique). Au plus je découvre cette civilisation, au plus je la trouve surprenante. Architecture, médecine, astronomie, arts… nombreux étaient les domaines où les Aztèques excellaient.

 

Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de la manière dont les prénoms étaient attribués dans la société aztèques dans un but de contrôle de la population.

De la naissance à l’attribution du genre :

Le genre du nouveau-né était déterminé dès sa naissance et allait être renforcé par l’éducation familiale, scolaire et religieuse. Lors de la cérémonie de naissance, en plus du nom, on marquait le genre du bébé par la présence symbolique d’ustensiles associés à son sexe : si c’était une fille, un fuseau, un malacate, un balai et un petit panier rempli de coton ; s’il s’agissait d’un garçon, un bouclier et quatre flèches pour qu’il devienne un bon guerrier.

La cérémonie d’attribution du genre de l’enfant prenait fin lorsque son cordon ombilical, une fois détaché, était enterré, pour les filles dans le foyer de la maison et pour les garçons sur le champ de bataille, les domaines d’action sociale de chaque individu, publics ou domestiques selon le cas, étant ainsi fixés.

Les garçons évitaient tout contact avec les ustensiles qui n’étaient pas liés à leur genre, par crainte de perdre leur virilité et leur adresse guerrière. On leur disait de ne pas marcher sur le foyer (espace féminin par excellence), geste qui leur vaudrait d’être malchanceux à la bataille et de tomber aux mains des ennemis.

Les prénoms :
Les parents cherchaient à donner à l’enfant un nom qui coïnciderait avec son destin. Pour cela, ils interrogeaient le devin, ou tonalpouhqui, qui lui-même consultait le tonalpohualli (calendrier rituel de deux cent soixante jours divisé en vingt treizaines ou périodes de treize jours, qui régissait toutes les activités de la société) pour connaître les qualités des jours de l’année.

La méthode d’attribution des prénoms était la suivante : le tonalpouhqui demandait l’heure et les circonstances de la naissance ; il consultait ensuite le tonalamatl, lequel précisait l’influence de la divinité régnante dans la treizaine concernée et les autres événements liés, et il prédisait les vertus ou les tendances du nouveau-né. Si celui-ci était né sous un bon signe, on lui attribuait son nom le lendemain de sa naissance. Mais s’il était né un jour néfaste, on attendait un signe plus favorable pour lui donner son nom. Le devin ne pouvait toutefois pas différer la naissance de l’enfant de plus de quatre jour.

Le signe du jour marquait ce qu’on appellerait aujourd’hui le tempérament, la personnalité et même le destin.

Il s’agissait donc d’un moyen hors pair de conditionner l’individu dès sa naissance : le devin, qui savait de quel type de métier aurait besoin la collectivité, n’hésitait pas à orienter le tonnalli du nouveau-né. Par exemple, si le copulli (quartier) avait besoin d’artisans, il s’arrangeait pour que le jour déclaré de sa naissance lui donne un tonnalli le destinant à être un bon artisan !

Lorsque l’accouchement s’était produit pendant l’un des cinq derniers jours de l’année, appelés nemontemi et considérés comme des jours vains et mauvais dans le calendrier, le verdict était inévitablement négatif. Dans ce cas, le garçon recevait un nom équivalent à nemon (« qui n’est bon à rien ») et la fille, un nom équivalent à nencihuatl (« femme qui n’est propre à rien »).

Il est important de souligner qu’il existait aussi une distinction entre les classes pour l’attribution du nom. Aux pipiltin (gens de la noblesse), on donnait un nom qui évoquait les prouesses d’un ancêtre et auquel on intégrait un élément révérencieux, à la différence des macehualtin (gens du peuple), à qui l’on se contentait de donner le nom correspondant au signe du calendrier sous lequel ils étaient nés.

Voici quelques exemples de noms donnés aux femmes aztèques :

prénoms féminins aztèques

Teyacapan, Tiacapan, Tlaco, Teicu et Xoco étaient des noms de déesses que l’on donnait à la grande majorité des filles pour marquer l’ordre dans lequel elles étaient nées par rapport à leurs frères et sœurs.

L’éducation :
Les filles restaient généralement sous la garde de leurs mères et les garçons, passés l’âge de trois ans, étaient placés sous la tutelle de leurs pères. L’éducation était sévère : les garçons apprenaient à porter l’eau et le bois, à aller au marché et à ramasser les grains de maïs répandus sur le sol. À cinq ans, les filles commençaient à filer, tisser et labourer. « On ne les laissait pas vaquer sans rien faire et à celle qui laissait son travail avant l’heure, on lui liait les pieds pour qu’elle s’asseye et se tienne tranquille ».

Les garçons apprenaient à pêcher à l’âge de sept ans et les filles, à moudre le maïs dans le metate (pierre à broyer) et à balayer la maison.

Au telpuchpan, on enseignait aux filles le compte des jours, le nom des signes, les attributions des dieux et à compter. En plus du perfectionnement des tâches propres à leur genre, comme cuisiner, balayer et nettoyer, elles apprenaient le chant et la musique.

Au sein de la famille ou dans les écoles, les fillettes et les adolescentes recevaient une préparation rigoureuse dans les travaux domestiques, en vue de leur mariage. De même, « on leur apprenait à être très honnêtes dans leurs actes comme dans leurs paroles, dans leur apparence comme dans le recueillement ».

La discipline était stricte dans tous les domaines et la paresse n’était pas tolérée. Celui qui refusait de jouer le rôle qui lui était socialement imposé était puni : on lui piquait tout le corps avec des épines d’agave ou on l’obligeait à respirer la fumée de piments grillés. Cette éducation était sensée faire prendre conscience aux filles de leur place dans la société et visait à les conforter dans leur rôle de reproductrices biologiques et de transmetteuses des modèles culturels établis.

Conclusion :
L’étude de l’attribution des prénoms aztèques est fort intéressant. Il est remarquable que ce système permette de conditionner la vie et les métier des sujets mexicas en fonction des besoins du groupe ! Enfin, ces recherches m’aideront pour élaborer des prénoms intéressants pour la série. Ils pourront être chargés de sens, et guider les personnages dans leurs actions, à commencer par l’héroïne !

Cliquez ci-après si vous voulez découvrir une liste de prénoms aztèques traduits en français.

Et vous ? Avez-vous des choses à ajouter sur le conditionnement par les prénoms ? Pensez-vous que ce soit toujours le cas aujourd’hui ? N’hésitez-pas à commenter cet article pour nous faire part de la façon dont vous voyez cela.

 


 

Cet article présente une partie de mes recherches sur le monde aztèque dans le cadre d’une série d’aventures intitulée Aztèques.

Découvrez-la en cliquant ci-dessous :

Mexique, 1515.
Ameyal a treize ans. Elle est fille de chef. Lorsque des guerriers  envahissent son village natal, elle jure de tout faire pour les arrêter.

Ses aventures l’emporteront au cœur du monde Aztèque, dans un univers cruel et inconnu : le harem d’un mystérieux Maître.
Va-t-elle surmonter les épreuves qui la menacent et déjouer les intrigues des concubines ?

 Parviendra-t-elle à progresser sur le chemin de son ambition et de sa vengeance ?

2 réflexions sur “Aztèques : les prénoms, outils de conditionnement

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