Mes recherches concernant la saga Aztèques continuent (Tome 1 : été 2015). Au plus je découvre cette civilisation, au plus je la trouve passionnante. Architecture, médecine, astronomie, arts… nombreux étaient les domaines où les Aztèques excellaient.
Comment les aztèques appréhendaient-ils le temps ? Comment faisaient-ils, à cette époque éloignée, pour prévoir le solstice, l’équinoxe ?
Leur calendrier découle directement du calendrier maya. Il était intimement lié à la mythologie aztèque. Il en existait trois :
1. Le tonalpohualli, calendrier divinatoire sacré de 260 jours, regroupés en 20 groupes (treizaines) de 13 jours auxquels correspondait un symbole (par exemple : le lapin, tochtli),
2. Le xiuhpohualli, calendrier solaire de 365 jours, faisant office de calendrier civil. Divisé en 18 mois de 20 jours appelés « vingtaines », ce calendrier comportait également, pour s’approcher au maximum de la véritable période de révolution autour du soleil 365,2422 jours, un « mois » de cinq jours néfastes appelé nemontoni ou nemontemi, auxquels s’ajoutait peut-être un sixième jour tous les quatre ans,
3. Un calendrier vénusien de 584 jours, qui venait en concordance avec les 2 autres tous les 104 ans solaires.
Influence maya :
Les calendriers aztèques sacré et solaire proviennent en réalité des calendriers mayas. Ainsi, la construction et le fonctionnement du calendrier Tonalpohualli correspondent au calendrier sacré maya (Tzolkin), où seuls les glyphes et les dieux protecteurs changent. Il en va de même pour le calendrier Xiuhpohualli, analogue du calendrier Haab solaire maya.
Origine et correspondance des temps :
Tout calendrier possède une origine des temps (fondation légendaire de Rome, naissance du Christ, hégire, etc.). Pour le calendrier aztèque, cette origine n’est pas encore connue avec précision.
Le calendrier julien fut corrigé par le pape Grégoire 13 en 1582. Pour calculer les dates aztèques, il faut donc tenir compte du calendrier julien et non grégorien.
Pour trouver la correspondance avec le calendrier julien, il a fallu prendre pour référence la chute de Tenochtitlan (capitale de l’empire aztèque, sur le site Mexico) : le 13 août 1521 du calendrier julien et le jour 1-coatl d’une année 3-calli du calendrier aztèque.
Calendrier sacré, ou Tonalpohualli :
On peut se figurer le calendrier sacré comme un système de deux roues dentées s’entrainant l’une l’autre. La plus petite d’entre elles portait des nombres de 1 à 13, et la seconde vingt glyphes, soit 260 combinaisons possibles. L’année rituelle comptait donc 260 jours. Chaque glyphe se traduisait par un mot rattachant le jour à un dieu et possédait de ce fait un aspect divinatoire.
Description des jours :
Les jours étaient ainsi définis par l’association de ces deux éléments: le nombre et le glyphe. Les jours pluie et vent avaient la particularité d’utiliser les glyphes des dieux correspondants : Tlaloc et Ehecatl. L’ordre sur chacune des « roues » était fixe ; la séquence des nombres était bien entendu celle de 1 à 13, celle des glyphes étant visible sur l’extrait du codex barbonicus suivant :
Les deux roues tournaient simultanément, aussi quand on avançait d’un nombre, il fallait également avancer d’un glyphe. A 1-crocodile, succédait ainsi 2-vent, 3-maison, etc. Quand on arrivait à 13-roseau, la roue des nombres achevait un tour et revenait à sa position initiale, sans que celle des glyphes n’ait achevé le sien ; on passait donc à 1-Jaguar. Ces tours de la roue des nombres définissaient des cycles de treize jours, les treizaines, ou « semaines » mésoaméricaines rituelles. Après 20 treizaines, on retombait sur la combinaison de base et une année rituelle s’était écoulée.
Les treizaines :
Chaque treizaine était définie par la date de son premier jour. Comme le nombre était toujours «un», il était escamoté la plupart du temps. De même que les jours, toutes les treizaines étaient consacrées à un dieu.
Calendrier solaire, ou Xiuhpohualli :
Pour la datation ordinaire, celle dont on se servait tous les jours, on utilisait un calendrier solaire de 365 jours. L’année commençait le 2 février et était divisée en 18 mois de 20 jours, ce qui le reliait à la roue des glyphes du calendrier sacré. À la fin du dernier mois, on ajoutait cinq ou six jours les (nemontemi). Ils permettaient de se caler sur l’année solaire, sans décalage, mais étaient considérés comme particulièrement néfastes. On y évitait donc toute activité susceptible d’irriter les dieux.
L’année portait le nom du dernier jour du dernier mois (le dernier jour ordinaire avant les nemontemi). Seuls 4 glyphes pouvaient tomber à ce moment : Acatl (roseau), tecpatl (silex), calli (maison) et tochtli (lapin). L’année 1-roseau était donc suivie de 2-silex, etc.
Toutes les combinaisons étaient épuisées en 52 ans (4×13), ce qui constituait un « siècle » aztèque, dont la première année était toujours une année 1-roseau, sous la protection de Quetzalcoatl, le dieu créateur. Hernan Cortès arriva au Mexique précisément une année 1-roseau, ce qui fut sans doute à l’origine de son assimilation à ce dieu.
Les mois :
Habituellement, la date prise en compte pour le début de l’année solaire correspond au 2 février (calendrier julien). Ainsi, Atlcahualco s’étend du 2 au 21 février, Tlacaxipehualitzi du 22 février au 13 mars, etc. Cette correspondance est évidemment indicative, puisque tant le calendrier julien (années bissextiles) que aztèque (cf ci-après) contiennent des ajustements.
- Atlacahualo : «Arrêt de l’eau» – Consacré à Tlaloc, le Dieu de la Pluie
- Tlacaxipehualitzi : «Ecorchement des hommes» – Consacré à Xipe Totec.
- Tozoztontli : «Petite Veille» – Consacré à Coatlicue.
- Huey Tozoztli : «Grande Veille» – Consacré à Chicomecoatl.
- Toxcatl : «Sécheresse» – Consacré à Huitzilopochtli et Tezcatlipoca.
- Etzalcuauliztli : « – Consommation d’etzalli (espèce de bouillie)» – Consacré à Tlaloc.
- Tecuilhuitontli : «Petite fête des dignitaires» – Consacré à Huixtociuatl.
- Huey Tecuilhuitl : «Grande fête des dignitaires» – Consacré à Xilonen.
- Tlaxochimaco : «Offrande de fleurs» – Consacré à Huitzlilopochtli.
- Xocotl Huetzi : «Chute des fruits» – Consacré à Xiuhtecuhtli, dieu du feu.
- Ochpaniztli : «Balayage des chemins» – Consacrée aux déesses terrestres.
- Teotleco : «Retour des dieux» – Consacré à de multiples dieux.
- Tepeilhuitl : «Fête des montagnes» – Consacré aux cimes et à Tlaloc.
- Quecholli : «Nom d’un oiseau»; – Consacré à Mixcoatl, Dieu de la Chasse.
- Panquetzaliztli : «Elévation des étendards» – Consacré à Huitzlilopochtli.
- Atemoztli : «La descente de l’eau» – Consacré aux Tlaloque et à Tlaloc.
- Tititl : «rétrécissement» – Consacré à Illamatecuhtli.
- Izcalli : «Croissance» – Consacré à Xiuhtecuhtli, dieu du feu.
Symbolique du nom des années :
Comme nous l’avons vu, les porteurs d’années sont au nombre de 4 :
• Roseau : associées à l’Est, les années Roseau sont chaudes fécondes et fertiles ; symbole d’abondance.
• Silex : associées au Nord, les années Silex sont froides, austères et arides ; symbole des enfers.
• Maison : associées à l’Ouest, les années Maison sont brumeuses, humides et calmes ; symbole du féminin.
• Lapin : associées au Sud, les années Lapin sont changeantes, imprévisibles et lunaires ; symbole de la Lune.
Ajustement, ou ligature des années :
Les Aztèques savaient qu’un calendrier de 365 jours était trop court pour une année tropique (365.2422 jours). Ainsi, le calendrier fut modifié pour chacune des 4 années. C’est la raison pour laquelle sont apparus les Nemontemi.
Nemontemi : cinq jours néfastes de jeûne et de recueillement (ils ne constituent donc pas un mois). Naître un jour de nemontemi était annonciateur de malheur.
Le calendrier vénusien :
Pour l’ajustement de l’année solaire, les Aztèques utilisaient également une mesure de temps appelée vieillesse (104 années solaires). Elle découle directement du calendrier vénusien de 584 jours.
Vénus est en effet une des incarnations de Quetzalcoatl ; son cycle était donc parfaitement connu par les prêtres. Or, cinq années vénusiennes équivalent huit années solaires. Ainsi, le chiffre et le signe de l’année solaire sont identiques à ceux de l’année vénusienne au terme d’un cycle de 104 années solaires. Ce cycle se nomme Ueuetiliztli, la vieillesse.
Conclusion :
Il va falloir mettre toutes les dates au clair pour ma série. Je compte faire en sorte qu’elle se déroule à l’arrivée des Conquistadors pour bénéficier du plus gros potentiel dramatique possible. Il va me falloir trouver les noms nahuatl des années qui entourent 1519. Il faudra aussi que je calcule en quelle année sont nés les protagonistes de l’histoire car le premier prénom donné à un enfant est celui de son année de naissance. Ce n’est qu’à l’âge de 7 ans qu’il obtient son nom définitif lors d’une cérémonie.
Et vous ? Avez-vous des choses à ajouter ou à expliquer sur le calendrier Aztèque ? N’hésitez-pas à commenter cet article pour nous faire part de la façon dont vous voyez ce calendrier.
Cet article présente une partie de mes recherches sur le monde aztèque dans le cadre d’une série d’aventures intitulée Aztèques.
Découvrez-la en cliquant ci-dessous :
Mexique, 1515.
Ameyal a treize ans. Elle est fille de chef. Lorsque des guerriers envahissent son village natal, elle jure de tout faire pour les arrêter.
Ses aventures l’emporteront au cœur du monde Aztèque, dans un univers cruel et inconnu : le harem d’un mystérieux Maître.
Va-t-elle surmonter les épreuves qui la menacent et déjouer les intrigues des concubines ?
Parviendra-t-elle à progresser sur le chemin de son ambition et de sa vengeance ?
Très intéressant, je me régale à lire ces articles sur les aztèques. Et très intriguée par ces treizaines que nous avons perdues en route…
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Merci Elisa,
Un monde passionnant en effet, avec de belles alternatives à celui que nous côtoyons tous les jours !
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