Eclosion v3

Voici la dernière version d’Eclosion. La couverture a elle aussi évolué :

Marion se força à ouvrir les yeux : il était déjà quinze heures.
Une lumière pâle, métallique, s’infiltrait par la fenêtre de sa chambre. Son regard fatigué se promena sur le désordre environnant. Sur un matelas échoué au milieu des bouteilles vides se trouvait un jeune garçon.
Une démangeaison furtive parcourut son avant-bras. Un souvenir surgit brutalement : une chenille bleue, tachetée de points jaunes, qui rampait sur sa peau nue. Elle frissonna en rassemblant les bribes de ce mauvais rêve, et se revit jeter au loin la matière molle et gluante. Elle s’affala dans un soupir, et David se mit à grommeler.
Délicatement, Marion se pencha pour saisir son journal intime, sur lequel se tenait un ours en peluche au regard facétieux. Elle y consigna tous les détails de la nuit précédente, dont l’esquisse de la chenille onirique.
Elle rangea l’ouvrage sous l’oreiller, et se leva en chancelant.
Ses pas la portèrent jusqu’à la salle de bain. Assoiffée, elle but au robinet et s’observa dans la glace : son mascara avait coulé autour de ses yeux bleus-azur. Elle entra dans la douche et savoura les longues minutes d’apaisement et de douceur que lui procura l’eau chaude et rassérénante.
De retour dans sa chambre, un filet d’air froid la fit grelotter et elle constata avec étonnement qu’elle avait oublié de fermer la fenêtre. En s’approchant de l’ouverture, une courte trainée opalescente attira son attention.
Troublée, Marion s’agenouilla pour essuyer ce qui ressemblait à un léger coup de pinceau. David se plaignit d’une voix endormie, et enfouit sa tête sous l’oreiller. L’adolescente bredouilla des excuses en nettoyant la tache qui se prolongeait jusqu’à la fenêtre.
Puis, elle écarta les vitres et inspira une grande bouffée d’air pur, plissant les yeux devant l’éclat du jour. Face à elle s’étendait une immense forêt de sapins gris, d’où émergeaient, au loin, quelques toits enneigés. Au-delà du velours ondoyant des cimes se découpaient des champs vallonnés aux nuances blanches et brunes, dont les sillons traçaient des figures géométriques bombées.
Marion s’appuya sur la fenêtre, et sursauta en sentant quelque chose remuer sous son bras. Une chenille lapis-lazuli, à la robe constellée de points jaune vif, rampait sur le rebord en laissant une traînée irisée derrière elle. Avec beaucoup de grâce, elle soulevait les anneaux de son abdomen de proche en proche pour avancer.
L’adolescente écarquilla les yeux devant la délicatesse de ses mouvements et la richesse de sa parure : le haut de son corps était d’un bleu presque fluorescent, tandis que l’arrière, après un dégradé arc-en-ciel, virait au rouge écarlate. Cette vision la ramena à son rêve. Intriguée, elle alla chercher son journal et fit des aller-retours entre le croquis et l’insecte. Elle constata une ressemblance frappante entre les deux et resta stupéfaite.

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