Extrait d’éclosion

éclosion6

Extrait de la v2 du 15-05 (pour vous montrer l’évolution par rapport à la v1 de début avril de l’article précédent) :

Marion s’éveilla en début d’après-midi. Son regard bleu-azur, auréolé de mascara, s’ouvrit sur le désordre environnant.
Le soleil au zénith baignait la chambre d’une lumière dorée. Un filet d’air frais s’insinuait à travers l’entrebâillement de la fenêtre, refoulant avec peine les odeurs d’alcool évanescentes.
Assoiffée, Marion saisit une bouteille d’eau près de son lit, et but à grands traits.
Une démangeaison lui parcourut l’avant-bras, lui rappelant une image : une chenille bleue, tachetée de points jaunes, qui rampait sur sa peau nue. Elle frissonna en rassemblant les dernières bribes de ce rêve effiloché, et se revit jeter au loin la matière molle et gluante. Elle s’affala dans un soupir, et David, un garçon allongé sur un matelas dans un coin, se mit à marmonner.
Délicatement, elle se pencha pour saisir son journal intime, surmonté d’un ours en peluche au regard facétieux. Elle y consigna chaque souvenir de la nuit précédente, ainsi que l’esquisse de la chenille onirique.
Elle rangea l’ouvrage sous son oreiller, et se leva en chancelant. Ses pas la portèrent au milieu des bouteilles, sur le sol collant, jusqu’à la salle de bain. Sous une douche vivifiante, elle poussa un soupir de soulagement en sentant les excès de la veille s’écouler par les pores de sa peau.
De retour dans sa chambre, une courte trainée opalescente attira son regard.
En s’agenouillant pour essuyer ce qui ressemblait à un léger coup de pinceau, elle fit basculer une bouteille avec fracas.
David se plaignit d’une voix endormie, et enfouit sa tête sous l’oreiller. Marion bredouilla des excuses en nettoyant la tache. La marque se prolongeait jusqu’à la fenêtre, et elle l’effaça sur toute sa longueur, en prenant soin de rester discrète.
Puis, elle écarta les vitres et inspira une grande bouffée d’air pur, plissant les yeux devant l’éclat du jour. Face à elle s’étendait une immense forêt de sapins gris, d’où émergeaient, au loin, quelques toits enneigés. Au-delà du velours ondoyant des cimes se découpaient des champs vallonnés aux nuances blanches et brunes, dont les sillons alignés traçaient des figures géométriques bombées.
Marion s’appuya sur la fenêtre, et tressaillit en sentant quelque chose remuer sous son bras. Une chenille lapis-lazuli, à la robe constellée de points jaune vif, rampait sur le rebord en laissant une traînée irisée derrière elle. Avec beaucoup de grâce, elle soulevait les anneaux de son abdomen de proche en proche, et avançait délicatement.
L’adolescente écarquilla les yeux devant la richesse de sa parure : le haut de son corps était d’un bleu presque fluorescent, tandis que l’arrière, après un dégradé arc-en-ciel, virait au rouge écarlate. Elle la compara au croquis de son journal, et la ressemblance la stupéfia.

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