THE PRISON EXPERIMENT : extrait n°3

« Cela fait plusieurs heures qu’Agellos Epstein, debout dans la pénombre, progresse à tâtons le long d’une paroi rocheuse verticale. Sa barbe rousse arrache des particules de poussière qui irritent ses narines et retombent en pluie fine sur le sol. Le visage collé à la pierre froide et rugueuse, il avance à pas lents, l’oreille tendue, aux aguets, serrant contre lui le précieux objet rectangulaire.
Trois mots l’obsèdent et font battre son cœur.
La coque extérieure.
La coque extérieure.
Si ses calculs sont exacts, elle se dissimule juste derrière cette paroi.
La poussière lui pique le nez. Il éternue, rajuste ses vieilles lunettes cassées et poursuit son travail d’investigation. Il ausculte la paroi en lui assenant de petits coups de doigts, écoute le son plein et mat qui lui revient, se décale de quelques centimètres et réitère l’opération.
Tapotement, écoute.
Tapotement, écoute.
Soudain, il se fige. Le bruit qui lui revient aux oreilles n’est plus celui d’une roche pleine, mais plutôt celui d’une paroi fine, creuse, comme un mur de plâtre ou de briques.
Un sifflement retentit. Une corde enserre sa cheville, le faisant basculer tête en bas, le propulsant dans les airs.
Le choc fait craquer ses cervicales et se répercute le long de sa colonne vertébrale. Le contrepoids, une énorme pierre entourée de cordes, vient de s’abattre sur le sol.
Suspendu par les pieds à deux mètres de la surface, Agellos lutte pour réprimer le tremblement qui l’envahit. Il lui faut concentrer son énergie. Il sait comment se tirer de ce mauvais pas, mais il sait également qu’il n’aura droit qu’à une seule tentative avant que ses forces ne l’abandonnent. Au bout de plusieurs inspirations, il attrape sa cheville de la main gauche, relève le haut de son corps dans un gémissement, et envoie la main droite en avant, le surin bien serré entre ses doigts, sectionnant la corde d’un coup sec.
Il retombe dans une contorsion vive et puissante, pour atterrir sur les mains, et termine sa chute dans un nuage de poussière.
Agellos ne peut plus bouger. Un sifflement résonne à ses oreilles. L’impact a chassé tout l’air de ses poumons. Les muscles de ses bras et de ses épaules brûlent comme sous l’effet d’une décharge, et il se force à inhaler, à exhaler pour refaire surface. Petit à petit, l’air franchit la barrière de sa gorge, et la sensation d’engourdissement se dissipe. Il s’agenouille et masse ses membres endoloris. Puis, une fois la douleur passée, il se relève, fébrile et chancelant.
Jusqu’ici. Ils ont étendu le secteur P jusqu’ici.
Alors qu’il s’éloigne de la paroi, Agellos perçoit un tintement métallique derrière lui et se fige. Un second bruit suit le premier. Il bondit derrière un muret effondré, et se fond dans l’obscurité.
Les paroles de son mentor lui reviennent à l’esprit.
Un premier bruit peut-être dû au hasard.
Un second bruit ne peut signifier qu’un danger.
Les yeux écarquillés, le cœur battant, Agellos a cessé de respirer. N’osant remuer d’un millimètre, il attend.
Il patiente dans le silence, à l’affût du moindre bruit, du moindre mouvement, la main serrée sur son couteau de fortune, l’objet rectangulaire passé à sa ceinture, le regard oscillant entre la paroi à sa gauche, et la salle à sa droite. Un nouveau choc retentit alors, lui confirmant qu’il n’a pas rêvé.
Ce ne peut être les Piégeurs, se dit-il. Il est encore trop tôt. Et pourtant, qui d’autre pourrait venir jusqu’ici ?
Un frottement retentit, puis plus rien. S’ensuit un gémissement étouffé, suivi d’un choc sec, qui remonte le long de la paroi.
Beaucoup de bruit.
Agellos jette un regard sur sa droite, vers le centre de la pièce. Vers les portes menant aux autres salles. Il lève la tête vers le trou béant qui s’ouvre dans la voûte du plafond.
Beaucoup trop de bruit !
Trois briques volent en éclat, le faisant sursauter. Elles sont amorties par le matelas de cendres. Trois pétales de poussière se dessinent dans l’air, telle une fleur de mort qui s’épanouit en silence.
Agellos sent son cœur s’accélérer. Il lui faut s’éloigner, mais il ne peut remuer. Il lui faut fuir, mais sa curiosité le cloue au sol.
Des étrangers s’apprêtent à entrer dans l’Œuvre. Seraient-ce les secours qu’il n’ose plus espérer ? Seraient-ce des tueurs venus mettre fin à cette abomination ?
Qui que ce soit, quelqu’un va entrer.
Tôt ou tard.
À défaut de fuir, il faut se cacher. »

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