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Extrait :
Valmek traversa l’étendue gazonnée en restant à couvert.
Dans la pleine lune se découpait la silhouette élancée du manoir, aux tours hautes et acérées. Le rez-de-chaussée, enchâssé dans le lierre, laissait apparaître une arcade en ogive surmontée d’une rangée de vitraux opaques.
Parvenu au pied du bâtiment, Valmek parcourut les alentours d’un regard rapide.
— Tant pis pour lui, murmura-t-il en examinant sa montre. Il n’avait qu’à être à l’heure…
Il posa le pied sur le masque grimaçant d’une gargouille, et se hissa sur le rebord d’une fenêtre entrebâillée. Il observa et tendit l’oreille avant de se laisser retomber de l’autre côté, amorti par un épais tapis. Puis il repoussa la vitre derrière lui.
Lentement, la clarté lunaire dessina les contours d’un salon aux plafonds ornés de moulures, aux cloisons plaquées à la loupe. Un lustre médiéval, composé de plusieurs plateaux à chandelles encombrées de toiles d’araignées, dominait une longue table de bois. Des candélabres se noyaient sous la poussière.
Un tintement fit soudain sursauter Valmek. Dans un coin, une horloge à balancier au cadran étincelant indiquait deux heures quinze du matin.
Derrière une haute cheminée tapissée d’armoiries anciennes se découpait une porte. Valmek la poussa, et pénétra dans un large passage, sa lampe électrique brandie devant lui. Dans le halo lumineux se profilait un couloir parqueté, au plafond tendu de toiles d’araignées remuant légèrement dans l’air poussiéreux.
Il suivit le corridor grinçant en ignorant les portes closes figurant de chaque côté. Il franchit de nombreuses bifurcations, et déboucha dans un hall de marbre. Une lueur bleutée s’infiltrait à travers une rosace murale. Un escalier raide, à la rambarde ouvragée, prenait pied devant une commode Louis XV surmontée d’un volumineux vase de Chine. Valmek, tapi dans la pénombre, tendit l’oreille quelques instants avant de gravir les marches en silence.
En haut de l’escalier partait un couloir aux cloisons recouvertes d’une moquette violet sombre. Un tapis pourpre, moucheté de trous, le conduisit entre deux armures d’apparat se faisant face, les gants croisés sur des pommeaux d’épées anciennes.
Le corridor s’arrêta devant une issue finement sculptée, au-dessus de laquelle était gravée, en lettres gothiques, l’inscription : Défense d’entrer.
Un sourire se dessina sur le visage de Valmek.
Une fois la serrure déverrouillée, il rangea ses affaires de crochetage dans sa sacoche. En poussant la porte, il lui sembla entendre comme un gémissement. Il lança un regard en arrière, mais le couloir était toujours vide.